March 19, 2024

Les séances du psychologue seront remboursées

Remboursement de consultations de psychologues, création de postes dans les centres médico-psychologiques, soutien à la recherche: Emmanuel Macron a détaillé mardi son plan pour la santé mentale, « enjeu majeur » mis en lumière par la crise du Covid-19, sans satisfaire toutes les attentes.

« La pandémie a révélé l’importance du sujet », a déclaré le chef de l’Etat en clôture des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, reconnaissant que « pendant longtemps les moyens mis n’ont pas été à la hauteur ».

Selon les derniers résultats de l’enquête CoviPrev publiés le 17 septembre, 15% des Français montrent des signes d’un état dépressif (+5 points par rapport au niveau hors épidémie), 23% des signes d’un état anxieux (+10 points) et 10% ont eu des pensées suicidaires au cours de l’année (+5 points).

L’isolement, les angoisses, les violences intra-familiales dans l’intimité des confinements ont été les détonateurs de nouvelles souffrances.

Pour répondre à la forte demande de soins, l’Assurance maladie remboursera dès l’an prochain des consultations de psychologues libéraux « pour toute la population à partir de l’âge de 3 ans ».

Cette prise en charge se fera toutefois sous conditions: les patients devront être « adressés par prescription médicale » dans le cadre d’un forfait de huit consultations remboursées, la première séance étant à 40 euros et les suivantes 30 euros chacune, le tout renouvelable l’année suivante si besoin. Quant aux « psychologues qui veulent pratiquer hors de ces parcours de soin », ils pourront « continuer à le faire », a assuré le président.

 

Quels sont les enjeux des Assises de la santé mentale ?

Le dernier volet de l’enquête CoviPrev, mené entre le 31 août et le 7 septembre, révèle notamment que 10% des personnes interrogées ont eu des pensées suicidaires au cours de l’année. Un chiffre en hausse de cinq points par rapport au niveau hors épidémie. En ouverture des assises, le ministre de la Santé a annoncé la création d’un nouveau numéro national de prévention du suicide, qui entrera « en fonctionnement » vendredi.

En avril, le chef de l’Etat avait annoncé la création d’un « chèque psy » pour que les enfants de 3 à 17 ans puissent bénéficier de dix séances gratuites chez le psychologue. Un dispositif similaire a également été mis en place pour les étudiants. Cette fois, les professionnels s’attendent à ce qu’Emmanuel Macron annonce la généralisation du remboursement des consultations de psychologues libéraux par l’Assurance-maladie. Ils espèrent également un plan d’urgence au secours d’une psychiatrie publique en difficulté.

 

1,9 milliard sur cinq ans

Le ministère de la Santé chiffre à 1,9 milliard sur cinq ans ce plan décliné en trente mesures et trois axes : prévention, parcours de soins et recherche.

Sur le plan prévention, on peut noter l’objectif (modeste) de formation de 60 000 personnes aux premiers secours en santé mentale d’ici à 2023 ou l’installation d’au moins une maison des adolescents par département (la Corse, notamment, n’en compte aucune).

 

Création de 800 postes

Côté organisation des soins, la création de 800 postes dans les centres médico-psychologiques sur trois ans, dont la moitié dans les centres dédiés à l’enfant, est forcément bienvenue. Encore faut-il les pourvoir. Les revalorisations spécifiques ne sont pas au programme, mais le gouvernement estime que les efforts accordés dans le cadre du Ségur de la santé suffiront à réactiver l’attractivité pour l’hôpital public.

Dans son discours, Emmanuel Macron a reconnu que les fermetures de lits en hôpitaux psychiatriques avaient « parfois été trop brutales et n’ont pas permis de répondre à la réalité des besoins ». Des réouvertures seront envisageables, au cas par cas.

Enfin, le plan finance deux nouvelles structures parisiennes (L’institut de la stimulation cérébrale et le centre E-care de recherche sur l’enfant) et bloque 80 millions du plan d’investissement d’avenir pour des projets de recherche liés à la psychiatrie. En première lecture, aucun n’avait été retenu.

« On pouvait espérer, plus d’ambition, un cap, une nouvelle page ouverte pour la psychiatrie, ce n’est pas le cas, regrette la psychiatre Rachel Bocher, présidente de l’Intersyndicale nationale des praticiens hospitaliers. Quelques annonces ne font pas une politique. Elles sont en décalage avec les attentes des professionnels et des patients. Ce ne sont que des miettes, un peu pour les psychologues, la recherche, les secouristes… ».

Un numéro contre les «idées noires»

Autre réponse – un classique gouvernemental sur nombre de sujets : un numéro vert dédié (le 31 14) va ouvrir. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, l’a annoncé ce mercredi matin au micro de France Inter. «Il sera ouvert à compter de vendredi et il permettra aux Français qui traversent un moment très difficile, avec parfois des idées noires, des pensées morbides, […] de pouvoir trouver immédiatement une réponse à leur malaise. En contactant ce numéro, ils tombent sur des professionnels de la psychiatrie», détaille le ministre. La ligne sera accessible 24 h /24 et 7 J /7.

«Ça vous paraît peut-être un numéro de téléphone comme ça» mais «c’est un projet qui part de loin», défend Olivier Véran, qui met en avant «le temps de formation, d’identification, de financement de l’ensemble des professionnels qui répondront à la détresse des Français». Objectif affiché par le ministre : renforcer la prévention du suicide, «deuxième cause de mortalité chez les jeunes dans notre pays après les accidents de la route».

 

Le reproche d’une orientation sanitaire

Dans un communiqué, la Fédération hospitalière de France s’est globalement réjouie des annonces d’Emmanuel Macron, y voyant la confirmation d’une réforme « indispensable pour mettre fin au sous-financement historique » de la psychiatrie publique.

En ouverture des Assises, lundi, le ministre de la santé, Olivier Véran, avait annoncé que le nouveau numéro national de prévention du suicide entrerait en fonctionnement vendredi. Mardi matin, le secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles, Adrien Taquet, a, lui, promis l’instauration, début 2022, d’un repérage systématique de la dépression post-partum, qui toucherait entre 15 et 30 % des mères.

Succession de tables rondes et de conférences avec des acteurs du secteur, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie devaient apporter des réponses concrètes aux maux psychiques des Français et à la détresse de ceux qui les soignent. Annoncées par Emmanuel Macron le 14 janvier, d’abord prévues en juillet, elles se sont finalement tenues ces 27 et 28 septembre, en visioconférence.

Beaucoup d’acteurs, notamment associatifs, ont regretté une orientation surtout sanitaire et l’absence de débats des acteurs de l’accompagnement social et médico-social. Le Collectif Schizophrénies – qui regroupe des patients, des familles et les principales associations concernées par cette maladie – a aussi déploré la surreprésentation des psychiatres dans ces Assises, tandis que la participation des usagers et des proches reste limitée.

 

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